Un fleuve sortait d’Éden


Installation photographique 
2024


La  piscine  privée m’intéresse en tant qu’idéal commun, sorte de descendance contemporaine des fleuves cités dans l’Éden : Hiddékel, Euphrate, Pishon et Guihon.

Espace du sensuel, de la libération, du corps désœuvré, elle s’affirme comme image de réussite.

Cependant, ces bassins de 50 000 à 80 000 litres d’eau se retrouvent aujourd’hui au cœur des débats concernant les ressources en eau. Selon la FPP (2022), la France est le deuxième pays le plus équipé en piscine du monde (1 bassin/21 hab.), et depuis 2021, plusieurs départements français en ont interdit la construction. Vis-à-vis de l’urgence climatique, la piscine serait vouée à disparaître, mais, paradoxalement, face à l’angoisse du réchauffement des températures, le marché des piscines est en plein essor (230 000 constructions prévues en 2024 en France), créant ainsi par ce biais une fracture sociale et climatique.

C’est justement face à ce paradoxe que se base mon interrogation : ne sommes-nous pas actuellement les témoins de sa disparition à venir ? À l’image de la vanité picturale, j’évoque la piscine comme anticipipatrice de sa propre disparition , telle une ruine vers laquelle elle tend.




« Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin »
Genèse 2:10



1 . Mes de Maï, photographie argentique projetée numériquement, 2024.





2. Loci amoeni, extrait d’une grille d’ensemble des vues projetées, prise de vues satellites. 





2. Loci amoeni, vue particulière, prise de vues satellites, google maps, 2024.