Curtina


En janvier 2024, j’emménage avec mon compagnon à Curtina.
Curtina, c’est un domaine, où se situe une maison héritée par sa famille, suite au décès d’un grand ami de la famille, Georges Santarelli, décédé à la suite d’une grave maladie. Georges est alors sans héritier.es.
La maison était autrefois château, construit par la famille Sartè, de la ville avoisinante. Dans les années 60, leur fils, joue Curtina aux cartes, et c’est un ajaccien qui l’emporte, Giuliani. Le propriétaire réaménage alors à son goût : une maison provençale s’érige alors sur les ruines de l’ancien château, une piscine, des bassins, et un parc paysager voient le jour. Mais suite à la mort de son fils, il se sépare du domaine, un rêve sitôt disparu. Georges Santarelli, issu d’une famille de notables, et revenant de l’administration coloniale en Abidjan, fait alors son retour en corse et achète Curtina.
Curtina, Georges l’aimait : Ce sont des dizaines de photographies de la maison que nous avons retrouvé, telle une véritable obsession. Toujours la même distance, le même point de vue. 
Nous sommes en quelque sorte devenu.es les héritier.es de Georges. . La maison est habitable, mais il y a du travail à faire : vider la maison, ranger, nettoyer, entretenir le terrain.
Comment préserver sa mémoire ? Comment raconter le passé de cette maison ? Comment poursuivre l’histoire ?
Il s’agit d’enquêter, de suivre les indices, et de créer de la vie, à nouveau. Curtina, c’est un travail  de recherches en duo avec Yan Leandri, mais aussi collaboratif, avec toutes les personnes autour de nous, ou que nous rencontrons.

Extrait d’un pdf regroupant les photographies de Georges retrouvées ( PDF complet disponible sur ce lien)  



La découverte de Curtina, photographies argentiques, janvier 2023.


Plan paysager de Curtina années 60,  novembre 2023, Yan Leandri.


Texte IV, Curtina, Yan Leandri.




Extrait de prise de notes

Samedi 24 février 2024.

Aujourd’hui, j’ai découvert que la grande tapisserie encadrée dans un cadre doré  retrouvée dans le salon, est une représentation des amours pastorales de Daphnis et Chloé, de Longus.
La scène champêtre, sorte de représentation de l’Éden, représenterait les deux orphelines du conte, recueillies par des bergers.




“En l’île de Lesbos, chassant en un bois consacré aux Nymphes, je vis la plus belle chose que j'aie vue en ma vie, une image peinte, une histoire d'amour. Le parc, de soi-même, était beau; fleurs n'y manquaient, arbres épais, fraîche fontaine qui nourrissait & les arbres & les fleurs; mais la peinture, plus plaisante encore que tout le reste, était d'un sujet amoureux & de merveilleux artifice; tellement que plusieurs, même étrangers, qui en avaient oui parler, venaient là dévots aux Nymphes, & curieux de voir cette peinture. Femmes s'y voyaient accouchant, autres enveloppant de langes des enfants, de petits poupards exposés à la merci de fortune, bêtes qui les nourrissaient, pâtres qui les enlevaient, jeunes gens unis par amour, des pirates en mer, des ennemis à terre qui couraient le pays, avec bien d'autres choses, et toutes amoureuses, lesquelles je regardai en si grand plaisir, & les trouvai si belles, qu'il me prit envie de les coucher par écrit. Si cherchai quelqu'un qui me les donnât à entendre par le menu; et ayant le tout entendu, en composai ces quatre livres, que je dédie comme une offrande à Amour, aux Nymphes & à Pan, espérant que le conte en sera agréable à plusieurs manières de gens; pour ce qu'il peut servir à guérir le malade, consoler le dolent, remettre en mémoire de ses amours celui qui autrefois aura été amoureux, & instruire celui qui ne l'aura encore point été. Car jamais ne fut ni ne sera qui se puisse tenir d'aimer, tant qu'il y aura beauté au monde, & puissance de regarder; veuille le Dieu qu'exempts de passions, nous décrivions celles des autres ! “

-  Les amours pastorales de Daphnis et Chloé de Longus.



La venue de Liviu à Curtina, février 2024.
- étape en cours de montage.